« Avenir détruit, vie finie. » [Libre]

J'observais, perplexe, les immenses vagues houleuses qui se dessinaient au loin, avant de se rapprocher, et de disparaître contre la côte dans un jet d'écume fraîche. Ma fourrure blanche s'agitait lentement dans le vent paisible : bien que la mer ne le soit pas.
Mon principal objectif était de rapporter du gibier frais à la meute, car, en temps de grande crise, tous les chasseurs étaient mobilisés. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que je croise un ou deux congénères dans les parages, mais il n'en fut rien. En fait, je pense que l'endroit n'a rien d'attirant, et que je suis la seule à me pencher de près pour admirer la beauté de la mer. N'importe qui pourrait croire que je tente de mettre fin à mes jours, mais l'avis des autres m'importe peu, et je me fiche du risque que j'encoure.

La journée devrait être ensoleillée, mais c'est en levant la tête que j'aperçois de gigantesques orages, à l'autre bout du territoire. Mon instinct me souffle de courir dans la direction opposée, après tout, je me fiche pas mal des autres animaux. Mais le camp ? Pourvu qu'il ne soit pas touché ! Je m'élance à la manière d'un lièvre et me faufile à travers la végétation, mon coeur bat si fort que je sens les pulsations dans mes veines. Mes yeux deviennent fous, à force de constamment chercher un passage sous un tronc, de me signaler un obstacle et de surveiller la progression de la tempête.

C'est alors qu'une seconde d'inattention me suffit pour percuter quelque chose.

Je suis tombé au plus profond de mon âme … Est-ce que quelqu’un pourrait juste me promettre qu’un jour, je reverrais la lumière du soleil ? C’est surement impossible … Je suis tombé si bas que personne au monde ne pourrait remarquer ma présence … Non, il ne reste plus que lui … Cet infâme démon qui a pris possession de la moindre parcelle de mon corps. Oui, cette chose à gâchée ma vie. Cette chose à tuée mes parents et à faillis tuer ma petite sœur Oh Moon, me pardonneras-tu un jour pour tout le mal que je t’ai fait ?

Un corbeau s’envola non loin du lieu où je dormais. Enfin, le lieu où il dormait. Cela fait bien longtemps que je ne dors plus moi. D’ailleurs, même si je pouvais dormir, est-ce que j’y arriverais ? Non, je ne pense pas. Cette chose à fait trop de chose pour que je puisse dormir … Le doute est trop présent pour que mon esprit puisse se reposer un peu. Bien sûr, tous ces actes remontent à bien des saisons … Mais c’est tout de même trop récent … Le carnage d’une vie ne s’efface pas en quelques lunes tout de même. Bref, l’oiseau noir pris son envol en poussant de longs croassements graves. Qu’est-ce qu’il l’avait effrayé ? Peut-être l’atmosphère lugubre des alentours ? Aucune idée. Le monde était trop étrange pour que tous les actes de la nature s’expliquent. Cependant le vacarme qui réveilla le démon ne s’arrêta pas à là. Un vent violent se mit à souffler et le buisson sous lequel il était couché s’envola.

« Allons bon, c’est quoi ça encore ? Impossible de dormir tranquille ces temps-ci. »

Il s’était réveillé, lui et son caractère de blaireau. En deux temps trois mouvements, Darsk* se leva, il bailla et s’étira vite fait avant de regarder autour de lui. Le vent s’amplifia et les arbres qui nous entouraient commencèrent à faire des bruits étranges. Un chêne commença à remuer plutôt violemment jusqu’à se déraciner. La force des bourrasques ne m’avait pas paru si forte, sans doute à cause de la force de Darsk. Le démon resta quelque seconde immobile devant le spectacle avant de se remettre en route en ricanant.

« Les éléments se déchainent, pourvu que ces idiots de chiens paniquent, ce serait drôle de les voir courir partout comme des fourmis. »

Quel imbécile … Son rire ressemblait étrangement au grincement que faisaient les arbres quand ils tanguaient. Un rire de démon sans doute … Il se remit en route et arriva bientôt dans un terrain couvert de roseaux. Un chien de taille normale aurait eu la tête en dessous des roseaux. Mais bien sûr, Darsk était tout sauf un chien normal et son museau était bien au-dessus des tiges. Tout en pliant pas mal de tiges sur son passage, il arriva bientôt à une grande falaise. Là bas, deux chiens avaient l'air de se tourner autour.

Oui oui ! Encore désolée.
Alors alors... *relit le rp pour plonger dans l'ambiance*
P.S. : Pardonnez mon changement de personne ou de temps par mégarde, je teste un peu les styles d'écriture en ce moment. ;p

Je ne voyais plus rien, tout tombait autour de moi. Le craquement des arbres ne devenait plus qu'un sifflement sourd au dessus de ma tête, et je n'entendais plus que le battement affolé de mon coeur. Le temps semblait suspendu, tandis que je cherchais vainement une source d'espoir, une chose à laquelle m'accrocher pour me battre.
Je venais de percuter quelque chose et me remettais lentement du choc. Le monde n'était plus qu'un brouillard flou qui envahissait ma tête et les animaux en détresse ressemblaient à des flèches propulsées à toute vitesse. Mes membres engourdis ne faisaient que me ralentir d'avantage, et je continuais malgré tout d'avancer à la manière d'un zombie avant d'apercevoir un chiot que je ne connaissais pas. Ses traits ne me rappelaient rien, pas même un visage que j'aurais pu croiser lors d'une assemblée, ni une odeur habituelle. Mon esprit embrumé ne parvint qu'à sortir ces quelques mots :

« Qu'est-ce que... tu.... fais là.. toi ? »

Mes yeux peinaient à rester entrouverts, et je luttais pour rester consciente, ma survie en dépendait.
Il suffirait d'une étincelle, et je partirais en fumée. Un tronc qui s'écroule, et je finirais en chair à pâtée.
J'analysais alors l'odeur de la femelle, qui semblait appartenir à la même meute que moi. Impossible, je ne l'avais jamais croisée. N'a-t-elle donc jamais quitté la pouponnière -cet endroit où je ne vais jamais- ?
Je jetais de nouveau un regard vers le ciel orageux, parsemé de nuages noirs d'encre, et par dessus tout, d'orages. Mes yeux se révulsèrent, et je m'évanouis.

« Moon ? Moon ! MOON !! »

Depuis quelques lunes déjà, j'avais déjà été confrontée de nombreuses fois à la mort à proprement parler. Le par-delà obscur n'avait plus de secrets pour moi à présent, et je savais que poursuivre la forme fantomatique de ma soeur de coeur ne servirait à rien ; je ne l'atteindrais jamais. Mais je continuais encore et encore, je hurlais, je pleurais, je gémissais tout en l'appelant. Elle se retournait simplement pour me sourire, puis s'en aller à nouveau. La Meute de la Chasse Éternelle ne semblait pas vouloir me voir rejoindre ses rangs tout de suite, elle trouvait toujours un moyen de me ramener dans le commun des mortels. Là où chaque jour compte, où manger et boire est vital, et surtout, où nous ne sommes pas libres.
Il y a toujours une montagne, un océan, un gouffre pour nous séparer de nos rêves.